Quand j'ai franchi la porte du travail vendredi soir j'avais ce sentiment étrange de me dire que peut-être je n'allais plus la franchir pendant plusieurs mois.

Un petit air de Bonheur et de Nostalgie en même temps.

La joie de me dire que j'allais pouvoir me reposer, ne plus me rendre tous les matins dans cette société que l'on critique si souvent, ne plus entendre parler d'heures sup, de stocks, de délais, de QS, de décomptes, de "machin a dit que" "bidule a fait ça"... Ne plus décrocher le téléphone et me faire incendier par des femmes (oui se sont souvent les femmes les plus vindicatives), ne plus devoir chronométrer la pause, ne plus faire semblant d'être d'accord, ne plus attendre 6 mois la réponse à un mail, ne plus écouter le rapport de criée (en Bretagne on ne dit pas réunion mais rapport de criée lol), ne plus crever de chaud sur ce plateau mal aéré, ne plus devoir remplacer au pied levé l'absente du jour... Tous ces petits détails qui font que parfois j'ai envie de tout plaquer...

Mais en même temps c'est au moment de partir que l'on se rend compte que finalement il y a des choses qui vont nous manquer, le bateau échoué dans l'anse qui nous rappelle combien il est bon de travailler par ici, les pauses avec les collègues qui finalement sont bien + que ça, les "machin a dit que" "bidule a fait ça", les crises de fou rire au téléphone "parce que depuis que monsieur est sur sa femme il n'a plus de transmission et il se demande si il va pouvoir aller à l'hôpital en déambulateur", les retrouvailles avec les filles des autres services quand l'on va sur l'accueil, les midis sur la terrasse, les remerciements au téléphone, le nombre de partenaires qui augmentent, la satisfaction du travail bien fait, les annonces de grossesse, les bonbons, les soirées entre collègues... Toutes ces petites choses qui finalement nous font rester.

Et puis c'est important de pouvoir partir sereinement sans perdre de salaire, avec la certitude de retrouver son poste et ses cops au retour. Savoir que l'on reviendra et que l'on pourra quand même allier notre nouvelle vie de famille au travail.

Le verdict est tombé dans la soirée, le médecin m'a arrêté, je m'en doutais, je suis épuisée, à bout de nerfs, j'ai besoin de me reposer. Bébé va bien, elle grossit vite (moi aussi mais ça vous le savez déjà), déjà 1.2 kg (ah bon ? mais ils viennent d'où alors les 13.8 autres kilos que j'ai pris ?), cela présage un gros bébé, mais elle descend, avec ma tension en même temps... Vendredi j'ai donc franchi la porte du travail pour la dernière fois durant les prochains mois à venir... Retour prévu à la mi-janvier 2013. Et ça me fait bizarre de savoir que quand je reviendrais il y aura plein de choses qui auront changé... Peut-être moi aussi.

Vous allez me manquer les filles !

KEROGAN

Photo de Ann/k

Petite dédicace à mes collègues...

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